traient en ligne de compte les mérites et les connaissances. À la base, le recrutement des novices dépendait des familles qui désiraient vouer au service des dieux tel ou tel de leurs enfants. Garçon ou fille, le novice pouvait décider de se marier et de renoncer au sacerdoce. Les prêtres ne payaient pas d'impôt. Certains d'entre eux, volontaires, combattaient aux armées. Ils menaient dans les temples et les calmecac une vie monastique, s'infligeant des jeûnes et des pénitences sévères. Ils étaient, comme les dignitaires, représentés au grand conseil et dans le collège électoral qui désignait l'empereur. VII. - La richesse A l'origine, chaque membre de la tribu aztèque dispose, en usufruit, d'une parcelle de terre mise à sa disposition par son calpulli. Le chef de cette fraction, assisté d'un conseil d'anciens, tient à jour les registres du cadastre. Il n'y a pas d'autre richesse que la terre; celle-ci appartient aux collectivités. Mais deux développements historiques sont venus provoquer un profond changement. D'abord les conquêtes, à partir du règne d'Itzcoatl, permirent à l'empereur aztèque, aux rois associés et aux dignitaires de disposer de domaines étendus dits «terres de guerre» ou "de commandement», dont le revenu leur était destiné. Bien que, théoriquement, la propriété de ces terres ne fût pas privée mais collective, en pratique une fortune foncière tendait à se constituer au profit de la classe dirigeante. D'autre part, le tribut et surtout le commerce aux mains des pochteca firent affluer à Mexico des quantités énormes de denrées rares et précieuses : coton, cacao, caoutchouc, or, jade, 42 turquoises, plumes de quetzal. Ainsi se formait une fortune "mobilière», dont les dignitaires redistribuaient une partie en cadeaux et rémunérations, tandis que les négociants, vivant modestement et dissimulant leur richesse, l'accumulaient dans leurs entrepôts. Ce que nous appelons aujourd'hui le « niveau de vie» du peuple n'avait guère changé depuis les débuts. Mais l'aristocratie militaire, tout en professant officiellement l'idéal de frugalité «spartiate» des anciens âges, était de plus en plus gagnée au luxe dont les souverains, avec leurs palais et leurs jardins, leurs harems et leurs trésors, leurs vêtements de plumes et leurs bijoux, donnaient le premier exemple. Quant aux négociants, ils détenaient sans faste extérieur des richesses sur lesquelles se fondait leur influence croissante. 43