Que cherchent à contrôler les parents dans les pratiques numériques de leurs adolescents? C'est la question du temps qui est centrale dans leur discours. Ainsi, des formes de médiation restrictive (Mascheroni et coll.,2015) - telles que des règles de limitation des écrans en termes de durée et d'horaires sont majoritairement citées. Ces règles permettent de préserver des moments familiaux : pas de téléphone à table, ni pendant des réunions de famille. Elles s'apparentent parfois à des « rituels familiaux de déconnexion» (Lachance, 2019) : «Quand on part en vacances, on laisse les tablettes et les téléphones à la maison, ça c'est une règle établie depuis le début, c'est acté ! » (Anaïs, mère de deux filles de 13 et 14 ans). Limiter le temps des écrans peut avoir également d'autres enjeux : la prévention sur le plan de la santé, la réussite scolaire. C'est ainsi que certains enquêtés veillent par exemple à ce que leurs enfants ne pratiquent pas le multitasking qui pourrait selon eux réduire leurs capacités de concentration. Pour que l'écran ne soit pas synonyme d'échec scolaire, d'autres imposent à leurs enfants de faire leurs devoirs avant toute activité numérique. Certains demandent également à leurs ados de ne pas prendre leur téléphone avec eux à l'école afin de ne pas se laisser perturber ou encore de le poser hors de la chambre avant d'aller dormir. Au-delà du temps passé, certains parents cherchent également à interdire l'accès à certains contenus jugés « inappropriés » en raison de l'âge de leurs enfants. Il est question à plusieurs reprises de contenus dits « adultes». Il est ici intéressant de noter que très peu de parents utilisent les termes «pornographie» ou « érotisme» durant les entretiens.